La coupe du monde de football entre Europe et Amériques. Enjeux, acteurs et temporalités d’un événement
global – XXe – XXIe siècles (Paris 14-15 juin 2018)

Igor Martinache

Université de Lille, France

Le 14 juin dernier à Paris, le coup d’envoi d’un colloque de deux jours intitulé « La Coupe du Monde de football entre Europe et Amérique » précédait de quelques heures celui de la 21e édition de la compétition en Russie. Organisé par quatre jeunes historiens, celui-ci réunissait à la tribune et dans la salle plusieurs dizaines de leurs consœurs et confrères désireux de renouveler l’analyse de cet objet qui malgré sa capacité inégalée à attiser aujourd’hui la curiosité de milliards de téléspectateurs, comporte néanmoins encore de nombreuses zones d’ombre. D’entrée, Olivier Compagnon, directeur de l’Institut des Hautes études d’Amérique latine qui accueille la manifestation, en relève un certain nombre. Après avoir souligné l’importance d’attirer l’attention des chercheuses et chercheurs sur ce type de « méga-événements » qui sont non seulement globaux mais « totaux » en vertu des multiples dimensions qu’ils revêtent (sociales, économiques, politiques, etc.), il souligne notamment un déficit de travaux sur les conditions concrètes d’attribution de l’organisation des compétitions, sur les supporters des équipes nationales ou encore sur la mise en scène médiatique de l’événement. Le colloque lui-même se structure autour de quatre tables-rondes thématiques. La première s’interroge sur l’utilisation par les pays d’accueil de l’événement comme une « vitrine » vis-à-vis de l’étranger. Le trois cas présentés successivement par les intervenants montrent ainsi la diversité des stratégies et objectifs en la matière : le Brésil, dont les autorités cherchent avec la Coupe du monde 1950 à construire l’image de la « patrie du football », le Mexique en 1970 où il s’agit davantage de mettre en scène la « modernisation » du pays, et enfin l’Espagne en 1982 où l’accueil de la compétition doit servir à montrer l’effectivité de la transition démocratique. La deuxième session est également consacrée aux acteurs et enjeux de l’organisation de la Coupe. Sont ainsi successivement présentés le cas de la Suisse en 1954 en se concentrant sur la manière dont les autorités, diplomatiques en particulier, envisageaient l’événement dans le contexte de la Guerre froide et compte tenu de la doctrine de neutralité affichée par la Confédération. L’étude du Chili en 1962 confirme la nécessité de replacer l’organisation de la compétition dans son contexte socio-économique et politique national et international, tout en montrant, en prolongeant en quelque sorte la table-ronde précédente, que les autorités sont loin de maîtriser l’image renvoyée par les médias de leur pays. La question de l’échelle pertinente d’analyse est également posée à travers le cas de la Coupe du monde 1966 en Angleterre, qui se révèle un moment d’affirmation d’identités locales contrastées. Une dernière communication pose enfin la question de savoir si le mondial italien de 1990 marque une rupture dans l’histoire de la compétition, compte tenu des basculements géopolitiques en cours, mais aussi et peut-être surtout davantage dans la manière dont l’événement est médiatisé, avec un contrôle resserré des journalistes qui s’accompagne paradoxalement de l’émergence de la question du coût financier et humain de l’accueil de la compétition. Sans en livrer toutes les clés, ces différentes présentations confirment en tous les cas l’importance de s’intéresser aux configurations d’acteurs concrets engagés dans l’organisation d’une édition, de manière directe mais aussi plus indirecte, à l’instar des gouvernements et autorités diplomatiques, en tenant compte tout à la fois de leurs intentions respectives et de leurs interdépendances, même si les archives et entretiens ne permettront sans doute pas de répondre à toutes les interrogations. Autre obstacle majeur auxquels les historiens doivent faire face en ce domaine comme en d’autres : la concurrence des constructions mémorielles qui tendent à « refaire le match ». Mais la mémoire peut également constituer un objet d’étude riche d’enseignements comme le montrent les présentations de la troisième session. Par leurs focales très différentes, celles-ci livrent également autant de pistes fructueuses pour d’autres recherches sur ces enjeux, qu’il s’agisse de l’inscription littérale de l’événement dans les lieux, en l’occurrence la toute première édition dans les noms des rues et le paysage urbain de Montevideo ; la manière dont les stades, à l’instar du Maracaña, portent en eux tout un pan de l’histoire sociale et culturelle et enfin les ambivalences durables de l’empreinte fasciste sur la Coupe du monde 1934 en Italie et de celle de la junte militaire dirigée par Videla sur celle de 1978 en Argentine qui pose plus largement la question lancinante de la nécessaire politisation de l’événement, surtout lorsque le pays hôte est dirigé par un régime autoritaire. La quatrième session est enfin sans doute la plus originale puisqu’elle est consacrée aux candidatures pour l’organisation de l’événement qui ont échoué. Les différents cas présentés (Argentine péroniste, États-Unis au début des années 1980 ou la Suisse pour l’édition 1998) permettent non seulement de mettre en évidence la diversité des motivations, l’intense travail d’influence généralement invisible derrière ces candidatures mais aussi les effets contrastés pour les acteurs impliqués de tels échecs, qui servent en outre souvent à préparer des « succès » futurs. En guise de prolongations, le colloque s’est clos sur une dernière table-ronde réunissant plusieurs spécialistes reconnus de l’histoire du football autour des perspectives de recherche sur l’objet Coupe du monde. Plusieurs angles morts sont ainsi mis en évidence : le fonctionnement concret de la FIFA, les enjeux économiques de l’organisation - en prenant au sérieux João Havelange déclarant en 1978 : « j’ai été élu pour vendre un produit, le football » -, mais aussi la place des femmes et de la Coupe du monde féminine en particulier. Alors que la prochaine édition doit justement se tenir en France en 2019, la suggestion d’organiser en parallèle une manifestation scientifique sur le sujet a été lancée. Espérons que la balle sera bien reprise à la volée !

La coppa del mondo di calcio fra Europa e America. Un evento globale tra XXo e XXIo secolo (Parigi 14-15 giugno 2018)

Lorenzo Venuti,

Università di Firenze

Lo scorso 14 e 15 giugno si è tenuto a Parigi uno stimolante seminario che, nel giorno dell’inaugurazione della XXI edizione della Coppa del Mondo di calcio, ha dedicato due giornate di studi a contributi che ponevano il proprio focus sull’appuntamento sportivo. Una riflessione matura e necessaria ad una città, quella di Parigi, che ospiterà nei prossimi anni due importanti eventi sportivi internazionali: la Coppa del Mondo di calcio femminile nel 2019 e le Olimpiadi estive del 2024.

Come rivendicato dal titolo, grande spazio è stato dedicato alle edizioni e alla partecipazione dei paesi sudamericani, rappresentati anche dalla prima sede di dibattito, l’anfiteatro dell’Istitut des hautes étedus de l’Amérique latine. In seguito al discorso introduttivo del direttore Oliver Compagnon sulla Coppa del mondo come oggetto multidisciplinare, hanno preso la parola due degli organizzatori, Clément Astruc e Lorenzo Jalambert D’Amado, entrambi dottorandi all’Université Sorbonne Nouvelle Paris 3 – coadiuvati nel coordinamento da Nicola Sbetti dell’Università di Bologna, e Philippe Vonnard, dell’Institut des sciences de la communication Paris Sorbonne.

I contributi presentati nella prima mattinata si sono incentrati sul rapporto che lega la Coppa del mondo al paese organizzatore, facendo riferimento alle potenzialità propagandistiche e alle necessità organizzative che ne derivano. I diversi paper hanno così spaziato lungo diversi ambiti: la rete e diplomatica tessuta dal Brasile nel 1950 (Clément Astruc), l’immobilismo di un regime attraverso lo specchio del calcio nel caso di Messico ’70 (Axel Elias Jiménez, dottorando al King’s College) e la fine di un autoritarismo simboleggidata dal mondiale, come nel caso di Spagna ’82 (Juan Antonio Simón Sanjuro, Universidad Europea de Madrid). Su questa scia è proseguita anche la sessione pomeridiana, declinata però al rapporto con le organizzazioni internazionali ed estere che un mondiale comporta.

Si sono alternati paper sull’effettiva neutralità svizzera nei primi anni della guerra fredda nel caso dell’appuntamento del 1954 (Quentin Tonnerre, dottorando dell’Institut des sciences du sport de l’Université de Lausanne - ISSUL), sulla questione di genere in Cile ’62 (Brenda Elsey, Hofstra University), della ricezione del pubblico inglese nel 1966 (Matthew Taylor, DeMontfort University), e dell’organizzazione di Italia ’90 (Nicola Sbetti).

Il giorno successivo il seminario si è trasferito nei locali della Maison de la Recherche dell’Université Sorbonne Nouvelle, con interventi che hanno posto il proprio focus sul lascito della competizione sul paese.

La sessione mattutina ha visto contributi incentrati sulla toponomastica di Montevideo, che molto deve all’edizione dei primi mondiali di calcio (Lorenzo D’Amado), su una miniserie celebrativa italiana prodotta in occasione di Italia ’90 e celebrativa del successo del ’34, Il colore della vittoria (Daniele Serapiglia, Universidade Nova de Lisboa), sull’importanza simbolica e infrastrutturale del Maracana (Bernardo Buarque, Fondation Getúlio Vargas) e del valore di Argentina ‘78 (Liva Gonçales Magalhāes, Universidade Federal Fluminense).

Nella sessione pomeridiana, dedicata alla procedura pratica di candidatura, si sono alternati lavori sulla stessa domanda dell’Argentina (Lucie Hémeury, Università Sorbonne Nouvelle Paris 3), sul tentativo degli USA di contrastare la candidatura di Messico 1986 (George Kioussiss, California State University) e sulla bizzarra proposta svizzera per il 1998 (Philippe Vonnard).

Infine una tavola rotonda composta da esperti del settore – Fabien Archambault (Unilim Limoges), Xavier Breuil (Université de Besançon), Brenda Elsey, Jürgen Mittag (Deutsche Sporthochschule), Grégory Quin (ISSUL) e Paul Dietschy (Université de Franche Comté) – si è confrontata sulle possibili periodizzazioni, sulla Coppa del mondo come oggetto di studio economico e sul rapporto della FIFA con il potere politico.

I vivav dibatti innescati dagli interventi hanno evidenziato l’interesse intellettuale attorno all’argomento, segno della necessità di moltiplicare appuntamenti del genere, preziosi confronti fra studiosi provenineti da realtà fra loro molto diverse.

Le conclusioni, affidate a Philippe Vonnard, hanno evidenziato i risultati del convegno, estremamente soddisfacenti. Ricordando l’importanza e la varietà delle fonti a disposizione dello storico, Vonnard ha rivendicato la trasversalità degli argomenti affrontati, proponendo nuovi sviluppi per analoghe iniziative. Un’iniziativa che deve rappresentare solo un punto di partenza, in una più ambizosa comprensione di un fenomeno che ormai non unisce più solo i due continenti del calcio – Europa e Sud America – ma che ormai abbraccia una dimensione realmente planetaria.